JOYEUX NOEL !
Le soleil sur mon visage baigne. La paix, retrouvée. Des baies vitrées trouent la salle immense. Les murs ont disparu. La douleur aussi.
Je suis couché, nulle envie de bouger. Une jeune dame blonde, les yeux trop clairs, penchée sur moi, me masse les jambes. Elle me sourit, parle doucement. De vacances, de plages et d’eau bleue. Mais une femme laide et brune approche une seringue de mon bras et enfonce l’aiguille fermement. Je serre les dents. La femme laide range méticuleusement ses fioles de sang foncé. Je voudrais fuir, emporter deux trois bricoles et sortir de là.
On me transporte. Ailleurs. Les murs des couloirs défilent. Les plafonds surtout. Il fait froid. On me lie. Je glisse vers l’arrière. Une voix impersonnelle me demande de bloquer ma respiration, de ne plus bouger. J’ouvre un instant les yeux sur la paroi d’un tunnel éclairé bleu. Un bruit violent et sourd m’emplit. Le temps devient immense. La Mer Rouge a laissé la place à un large canal, une maison près d’une écluse. Des motards s’engagent sur le pont. Le bruit infernal des pétarades est infernal et s’entremêle aux sons lancinants. Ma tête éclate. Mon corps aussi. La voix me demande de ne surtout pas bouger, de cesser de respirer. Je suis maintenant dans une pièce obscure. Le plafond est tendu d’un filet, genre filet de pêcheur. Des trappes s’ouvrent et des nains bossus en sortent. Le cœur bat plus fort. Le plafond descend sur moi. Etouffement et peur. Les motos se sont éloignées dans la nuit. Un bateau s’enfonce dans l’écluse. Un homme court le long de la berge, saute dans une Porsche et disparaît.
- Joyeux Noël !
E.J.B.